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L’interview des Présidents des Conseils d’administration

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De gauche à droite : Séverine PIERRET, Stéphanie HEYDEN, Elie DEBLIRE, François HUBERTY, Isabelle MICHEL.

« Continuer à répondre à l’intérêt général » 

Une deuxième année marquée par le Covid. Beaucoup de travail pour de beaux projets, dans des conditions parfois éprouvantes et un environnement particulièrement changeant. Mais les résultats pour notre région sont là.

Élie DEBLIRE : Nous avons senti qu’en dépit du contexte sanitaire, beaucoup d’entreprises poursuivent leurs projets de croissance. Les 25 ventes de terrains réalisées en 2021 en sont un signe plus que probant alors qu’on aurait pu craindre pour la santé des entreprises. Nous avons plutôt constaté un ralentissement des possibilités d’interactions avec nos services d’accompagnement des entreprises. La situation a été la même pour les contacts transfrontaliers qui reposent essentiellement sur les contacts humains.

En amont de ces investissements, nos équipes ont été confrontées à plusieurs défis : celui de la complexité et de la durée des procédures de modification des plans de secteur. 150 ha doivent encore être reconnus comme zones d’activités économiques alors qu’il s’agit de projets initiés fin des années 2000.

Autre difficulté : la forte augmentation du coût et le manque de disponibilité des matières premières auxquels s’ajoute la saturation de nombreux carnets de commande des entreprises, moins disponibles pour réaliser nos projets. Cette situation génère des augmentations conséquentes des budgets entre les estimations et les ouvertures d’offres. Les équipes doivent se mobiliser pour trouver des pistes d’économie et des moyens budgétaires complémentaires.

Troisième difficulté : l’amplification du phénomène « nimby » sur tous nos projets en dépit des nouvelles formules que nous avons mises en place avec les citoyens, au-delà de nos obligations légales.

Ceci étant, nous traversons une conjoncture inédite avec à la fois le programme du Feder 2021-2017 qui est en préparation et les plans de relance fédéral et régional pour lesquels nous ne connaissons pas encore l’affectation des moyens et les délais de disponibilité. De notre côté, nous sommes prêts : nos équipes ont identifié 19 portefeuilles de projets structurants pour notre territoire pour les années qui viennent.

François HUBERTY : En dépit de la persistance de la crise sanitaire, l’activité d’IDELUX Finances a aussi été extrêmement soutenue, avec une reprise économique que je qualifierais d’intense. Nos services ont étudié seize dossiers. Treize ont été validés par le conseil d’administration avec un montant de décisions positives historiquement élevé : il atteint 80 millions d’euros en intégrant la partie portée pour compte des banques partenaires et 28,5 millions d’euros pour la seule part à risque d’IDELUX Finances. La plupart de ces projets concernent des PME et s’inscrivent dans les axes stratégiques d’IDELUX.

Stéphanie HEYDEN : Pour nos équipes, 2021 s’est inscrite dans le prolongement de la crise sanitaire qui a débuté au printemps 2020 et dans les inondations qui ont impacté 14 communes desservies ainsi qu’une partie de nos installations. Je tiens à les remercier pour avoir garanti la continuité du traitement des eaux usées et pour avoir fait face à chaque situation dans ces conditions éprouvantes.

En 2021, les règles sanitaires associées à la pandémie ont continué à focaliser notre attention pour conserver des équipes de terrain opérationnelles. Nous avons poursuivi la surveillance permanente de l’évolution de cette pandémie notamment via l’échantillonnage des eaux usées de deux de nos stations et leur analyse par Sciensano.

Conséquences de cette pandémie : la difficulté de réunir les équipes et d’être approvisionnés en pièces électriques et en consommables pour les stations d’épuration. Ce problème s’accentue d’ailleurs encore en 2022. Elles n’ont cependant pas entamé la motivation des équipes qui ont répondu présent aux sollicitations de la SPGE pour la réalisation des marchés de DIHEC (dépenses d’investissement hors exploitation courante). Nous avons introduit de nombreux dossiers relatifs à des travaux ou achats importants, en vue de faciliter l’exploitation des ouvrages, de rénover les installations électriques des ouvrages et d’améliorer leurs performances énergétiques.

Isabelle MICHEL : Ce qui caractérise l’année c’est, d’une part, une réduction – probablement temporaire – des quantités collectées sur les recyparcs après la généralisation de la collecte des PMC en porte-à-porte et, d’autre part, un afflux massif de déchets faisant suite aux inondations de juillet dernier. Nous avons stocké dans de bonnes conditions les volumes qui ont dû être évacués rapidement et les avons orientés vers les bonnes solutions de traitement. Le changement de consignes de tri des langes est un autre changement qui devrait bénéficier à la qualité de la biométhanisation et du compost.

L’impact de la situation sanitaire dans la gestion des déchets a été contrasté. Au niveau de la logistique de collecte, nous avons composé avec les problèmes d’absentéisme pour garantir au mieux la continuité de service à la population que ce soit au niveau des recyparcs ou des collectes des PMC.

Séverine PIERRET : Après onze années d’activité, 90 % des communes luxembourgeoises font appel aux services d’IDELUX Projets publics. Nos équipes traitent entre 150 et 160 projets par an. C’est énorme. La plupart de ces projets portaient jusqu’il y a peu sur des réalisations touristiques ou sportives ou sur des bâtiments publics. Nous constatons une évolution des demandes qui portent désormais aussi sur des projets de mobilité, d’énergie, de réaffectation d’églises, de maisons médicales, de terres excavées, … L’amplitude de ces dossiers peut varier énormément. Nous gérons tout autant des dossiers portant sur plusieurs millions d’euros de travaux comme ceux de la Place Léopold à Arlon ou des extensions du Bastogne War Museum que des dossiers plus « modestes » comme la plupart des dossiers « smart ».

Le tout dans un contexte environnemental et énergétique qui est une nouvelle donne et des difficultés financières qui affectent plusieurs communes. Je relève moi aussi l’évolution à la hausse des prix des matériaux et les délais allongés de disponibilité des entreprises. Comme l’a évoqué Elie DEBLIRE, un dernier point caractérise aussi 2021, c’est l’accélération de l’expression du phénomène « Nimby », y compris dans le domaine touristique. Il nécessite une réaction appropriée pour permettre la mise en œuvre de projets qui sont essentiels pour le développement de notre territoire rural, notamment pour les communes en difficulté, éloignées des grands pôles d’emploi.

 

Au-delà ce ces premières observations, voulez-vous mettre en évidence l’un ou l’autre résultat saillant pour IDELUX en 2021 ?

SP : En ce qui concerne les projets publics, la préparation du programme Feder 2021-2027 a mobilisé les équipes, notamment autour des enjeux liés aux cinq plus grands pôles urbains et économiques : Arlon, Aubange, Bastogne, Marche, Libramont) et à cinq pôles touristiques à redéployer (Bouillon, Florenville, La Roche, Saint-Hubert, Virton). Tant du côté du Feder que du plan de relance de la Région wallonne, des opportunités se précisent aussi pour réduire l’impact énergétique des bâtiments publics et pour déployer des solutions en matière de mobilité douce. Par ailleurs, avec la nouvelle ligne de conduite de la gouvernance wallonne qui attribue des subventions en fonction d’appels à projets nouveaux, nous aidons les communes à répondre utilement à ces appels à projets. Nous avons ainsi déposé une candidature pour une pépinière de projets supra communaux avec 35 communes. Elle a été retenue par le Ministre Christophe COLLIGNON. Nous souhaitons y associer les cinq communes de l’arrondissement d’Arlon et coopérer avec les quatre communes du Pays de Famenne.

ED : Du côté d’IDELUX Développement, il y en a beaucoup aussi. À commencer par la “stratégie de spécialisation intelligente” impulsée par la Wallonie. Nous avons répondu à son appel à “feuilles de route” au départ de cinq écosystèmes dans lesquels nous sommes déjà actifs : la cybersécurité, l’industrie 4.0, le med tech, le bois et l’agroalimentaire. Dès cette année, nos projets font partie des 20 écosystèmes sélectionnés et sont la clé espérée de l’accès aux fonds du Feder. Dans un registre proche, nous avons co-piloté la stratégie de l’Ardenne Transfrontalière pour préparer ce territoire à la future programmation européenne. En matière de transition écologique, nos équipes ont recueilli la vision et les ambitions de plus de soixante acteurs dans le cadre du projet Interreg Recotte. Nous avons aussi participé à la finalisation de la stratégie du schéma de développement territorial de la Grande Région.

Autre action : nous avons recueilli les besoins en recrutement de 97 entreprises manufacturières de notre territoire. Dernier focus, en termes d’équipements, je souhaite mettre en évidence la fin des chantiers des parcs d’activités à Bastogne, Hotton, Galaxia et Tellin soit près de 45 ha de terrains équipés ainsi que le début des travaux d’équipements des parcs de Chiny-Jamoigne et de Bertrix-Saupont. Je soulignerai aussi le début des travaux du Boost up Center à Novalis et celui des halls de Galaxia.

FH : 2021 a sans conteste été marquée par le soutien apporté à l’implantation sur le site de Galaxia d’un acteur structurant dans le domaine de la cybersécurité : la société Rhea. Au-delà, l’année a été particulièrement riche en partenariats avec les quatre grandes banques présentes dans notre région. Cinq projets complexes ont été concrétisés sur base de pools bancaires, au profit de nos clients.

IM : Notre unité de biométhanisation n’a jamais produit autant d’énergie verte qu’en 2021. Cette situation nous permet d’être autosuffisants pour notre approvisionnement énergétique. Nous avons aussi pu accroître la production d’énergie renouvelable au départ de notre parc de panneaux photovoltaïques. Les matières recyclables et valorisables collectées en 2021 ont été vendues dans de bonnes conditions compte tenu de la hausse du cours des papiers, des cartons, des plastiques et des métaux.

Du côté de la logistique, j’ai déjà évoqué la mise en place de la collecte en porte-à-porte des PMC sur les 55 communes que nous desservons. Dans les communes sinistrées par les inondations, nos recyparcs ont été ouverts le dimanche qui a précédé le 21 juillet ainsi que le 21 juillet. Nous continuons à aider les communes à gérer les déchets encore stockés sur leurs territoires.

Par ailleurs, nous avons mis en place sur les recyparcs une nouvelle filière de collecte de panneaux photovoltaïques à l’intention des particuliers et préparons une filière de collecte des matelas usagés avec l’asbl Valumat, en charge de la mise en oeuvre de l’obligation de reprise de ceux-ci. Pour cette dernière filière, nous mettons en oeuvre cette année un projet pilote avant une probable généralisation après évaluation de celui-ci.

SH : Les inondations ont demandé une grande réactivité de nos équipes pour remettre en service au plus vite les ouvrages touchés, en particulier la station d’épuration d’Athus où les dégâts ont été les plus lourds. Nous avons aidé les communes concernées à accéder aux aides de la Région wallonne (reconnaissance et réparation de dégâts sur les réseaux d’égout impactés).

Par ailleurs, nous avons rencontré les 14 communes les plus touchées pour écouter leurs attentes en matière de gestion des eaux pluviales et de risques d’inondation, et leur présenter nos services. Avec l’engagement d’un conseiller technique supplémentaire, notre équipe est parée pour accompagner au mieux les 16 projets en cours avec elles à ce jour. En juin dernier, nos webinaires d’information sur la gestion intégrée des eaux pluviales et les méthodes d’infiltration ont connu un réel succès.

Autre point saillant pour 2021 : l’inauguration de la station d’épuration transfrontalière de Eisch Amont, à proximité de Steinfort, point d’orgue d’un ambitieux projet de collaboration avec le Grand-Duché de Luxembourg qui a bénéficié de financements européens.

 

Quelles sont, selon vous, les perspectives pour 2022 ?

SH : L’année va être chargée. Ne serait-ce qu’en raison des nombreux dossiers DIHEC que je viens d’évoquer et qui vont maintenant être mis en œuvre. S’y ajoutent le cadastre, le curage et l’inspection télévisuelle de l’égouttage financés par le plan de relance du Gouvernement wallon et l’accompagnement des communes pour la gestion de leurs eaux pluviales. La plupart des chantiers des PIC (Plans d’investissement communaux) sont mis en œuvre cette année. Parallèlement, la préparation des PIC pour la période 2022-2024 va nous conduire à rencontrer les 42 communes concernées. Le nouveau programme d’investissement de la SPGE relatif aux stations d’épuration et aux collecteurs s’avère particulièrement étoffé – notamment en termes de rénovation de nos stations les plus anciennes. Il représente un beau défi pour nos équipes.

IM : En ce qui concerne la biométhanisation, et donc la collecte des matières organiques : l’amélioration de la qualité du tri des déchets à la source reste un challenge important pour répondre à l’évolution probable des normes d’épandage du compost produit par cette filière. Du côté des tonnages, le défi qui nous attend est de continuer à saturer notre outil, ce qui requiert la collecte d’un minimum de 35 000 tonnes chaque année. En ce qui concerne le CET de Habay, nous avons pris la décision de limiter les apports en provenance de l’extérieur de nos 55 communes à 15% des volumes entrants, sur base du volume annuel enfoui.

2022 sera aussi l’année du renouvellement du permis de nos installations de Tenneville. Nous allons veiller à contenir au mieux les conséquences de la hausse du coût des matières premières et des délais d’approvisionnement sur nos activités. À titre d’exemple, la réparation ou l’achat de conteneurs neufs sont impactés par l’augmentation du prix de l’acier. Nous étudions la possibilité de développer la filière du réemploi sur l’ensemble de nos recyparcs avec des associations partenaires.

Un dernier point, et non des moindres, la sécurité de nos travailleurs et de nos visiteurs reste une priorité sur chacun de nos sites. Nous continuons à nous y investir pleinement. Notre partenariat avec les Ardennes françaises a permis l’émergence de perspectives de coopération franco-wallonnes qui pourront contribuer à sortir le versant ouest de la province de son déclin socioéconomique.

La refonte de la stratégie de développement de nos zones d’activités économiques – dont l’enjeu porte sur l’équipement de 200 hectares pour les vingt prochaines années – est une autre réalisation importante. Tout comme l’est l’ancrage renforcé dans le développement durable du nouveau référentiel pour la réalisation des futurs parcs d’activités économiques.

FH : Certains secteurs d’activité continuent à souffrir de la crise sanitaire et doivent encore être soutenus et nous allons rester vigilants face à la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation, avec en particulier un phénomène de « surchauffe » dans le secteur de la construction. Si ces éléments ne viennent pas « doucher » l’optimisme actuel, 2022 devrait être une bonne année même si les volumes engagés devraient être moins exceptionnels que celui connu en 2021.

SP : Un constat s’impose : la mise en œuvre de projets (supra) communaux continue à se complexifier. Nous pensons que les pouvoirs publics vont continuer à nous solliciter pour les accompagner. Nous pourrons y parvenir à condition de sécuriser notre dispositif d’intervention à leurs côtés alors que nos équipes travaillent en permanence en « flux tendu », ce qui limite nos capacités d’initiative. Nous préparons donc une réorganisation de notre activité autour de pôles d’expertises. Par ailleurs les appels à projets dans le cadre des Fonds Feder et ceux liés au Plan de relance de la Wallonie vont mobiliser beaucoup d’énergie. Ils sont une opportunité certaine pour initier de nouveaux projets dans les années à venir, dans un contexte où les perspectives de financements publics s’annoncent relativement sombres.

ED : La bonne nouvelle de 2022, c’est que nous pouvons renforcer notre accompagnement auprès des entreprises. En outre, l’année s’annonce bien avec de nombreux projets d’investissements « dans les cartons ». Plusieurs devraient aboutir cette année. Nous prévoyons de mettre en œuvre le nouveau référentiel des parcs d’activités économiques sur celui du Wex à Marche-en-Famenne. Nous allons concrétiser notre programme de nouveaux bâtiments relais et de nouvelles zones d’activités économiques dans un contexte budgétaire encore incertain et dans un environnement de prix volatils du côté de l’énergie et des marchés à passer. Plus largement, cet environnement va aussi avoir un impact énorme sur le business plan des entreprises.

 

Élie DEBLIRE, Président d’IDELUX Développement

Stéphanie HEYDEN, Présidente d’IDELUX Eau

François HUBERTY, Président d’IDELUX Finances

Isabelle MICHEL, Présidente d’IDELUX Environnement

Séverine PIERRET, Présidente d’IDELUX Projets publics

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